Proton pourrait quitter la Suisse : vers la fin du chiffrement ?

La Suisse, longtemps bastion de la vie privée, pourrait-elle tourner le dos au chiffrement ? Le Conseil fédéral envisagerait de modifier ses lois sur la surveillance, de quoi pousser la société Proton à prendre une décision importante : quitter le pays.
Un tournant majeur dans la politique suisse de confidentialité
En matière de respect de la vie privée, la Suisse s’est faite une réputation et plusieurs services sont hébergés dans ce pays pour ces raisons. Nous pouvons notamment citer Proton, qui propose une large gamme de services, dont Proton Mail, Proton Drive ou encore Proton VPN.
Mais, depuis la fin du mois de janvier 2025, un vent de méfiance souffle sur la Confédération helvétique. Le Conseil fédéral a lancé une consultation pour modifier deux ordonnances clés :
L’OSCPT (Ordonnance sur la surveillance de la correspondance par poste et télécommunication)
L’OME-SCPT (Ordonnance du Département fédéral de justice et police sur les mesures techniques de surveillance)
Ces textes pourraient être amendés dans le but de restreindre le chiffrement des communications. Une bien mauvaise nouvelle. Les nouvelles mesures pourraient obliger les entreprises à désactiver certains mécanismes de sécurité afin de rendre accessibles les métadonnées, voire le contenu des communications.
Proton, entreprise emblématique de la protection des données fondée en 2014, ne peut pas rester insensible à ces intentions. Rappelons que la mission de l’entreprise suisse est de protéger la vie privée des utilisateurs, avec un chiffrement de bout en bout garantissant que même Proton ne peut lire les contenus.
Proton envisage un départ de Suisse, un symbole fort
Proton a toujours défendu un modèle où la souveraineté des données passe par un respect de la vie privée. Historiquement, la Suisse était ce refuge… mais la consultation récente soulève des interrogations. Interviewé par le journal Derbund, Andy Yen, PDG de Proton, prévient : “Nous nous sentirons obligés de quitter la Suisse si la révision partielle de la loi sur la surveillance que le Conseil fédéral envisage entre en vigueur (…) En aucun cas nous ne pouvons nous conformer à cette loi.”
Au-delà des nouvelles intentions de la Suisse, bien que rien ne soit officiel, ce qui inquiète, c’est l’agressivité de la méthode. Il dénonce une transformation radicale de la politique helvétique, affirmant que “la surveillance suisse serait donc nettement plus stricte qu’aux États-Unis et que dans l’UE”.
Des propos cohérents de la part d’Andy Yen étant donné que Proton a été créé en 2014 suite aux révélations d’Edward Snowden…
Source : www.it-connect.fr