Nvidia en tête : la course effrénée vers l’intelligence artificielle
La course à la tête de l’intelligence artificielle a été lancée
Les paris sur l’intelligence artificielle (IA) ont animé les marchés au premier semestre 2024. Les grandes entreprises technologiques et les investisseurs ne veulent pas être laissés pour compte dans une course technologique qui est comparée à l’avènement de l’internet voire de la machine à vapeur. Mais le grand gagnant de cette frénésie est actuellement Nvidia, une entreprise spécialisée dans la fabrication des puces nécessaires pour former les systèmes d’IA. Dirigée par Jesen Huang et fondée il y a 33 ans, Nvidia a battu de nombreux records : elle a mené le S&P 500 au cours des 12 derniers mois en triplant sa valeur, devenant ainsi la société la plus précieuse au monde, dépassant Microsoft ou Apple, avec une capitalisation dépassant les 3,2 billions de dollars. Depuis le lancement du premier modèle ChatGPT à la fin de novembre 2022 — le déclencheur de la fièvre actuelle de l’IA — la valeur de Nvidia a augmenté de 700%.
Il n’y a pas que Nvidia qui voit sa valeur monter en flèche. Les grandes entreprises technologiques se précipitent pour entraîner leurs propres modèles d’IA, et elles reçoivent la bénédiction du marché boursier à mesure qu’elles le font. Microsoft a augmenté de 38% au cours des 12 derniers mois, tandis qu’Alphabet — la société mère de Google — a grimpé de 57%. Le phénomène n’est cependant pas exclusif aux États-Unis. Les bourses européennes vantent leur équivalent de Nvidia : le géant néerlandais ASML, fabricant des machines sur lesquelles sont imprimées les micro-puces, est devenu la société la plus importante des marchés européens après avoir dépassé LVMH de la France. Et en Asie, TSMC de Taiwan aspire à rejoindre le club des entreprises valorisées à 1 billion de dollars, après avoir bondi de 170% en bourse au premier semestre 2024, approchant une capitalisation de 950 milliards de dollars.
Les investisseurs ont soutenu une technologie qui, sans être nouvelle, crée du langage et des images, et dont le développement promet de révolutionner tout, de l’industrie pharmaceutique en accélérant la création de médicaments à la publicité grâce à l’hyper-personnalisation, à la technologie et à la programmation informatique, en passant par l’industrie pétrolière. Cependant, alors que les grandes entreprises technologiques battent des records de capitalisation semaine après semaine, le marché exprime également des doutes : cette technologie se cristallisera-t-elle jamais en bénéfices d’entreprise, ou la grande frénésie de l’IA est-elle une nouvelle version de la bulle Internet des années 2000 ?
L’avenir de l’IA en question
A l’époque, l’émergence de l’internet et la prolifération de sites web semblaient destinées à révolutionner tout. Bien qu’ils l’aient fait, le timing de l’économie n’est pas le timing des marchés. Par conséquent, avant la grande transformation, les actions technologiques ont chuté et des milliers de projets, y compris certains d’envergure, ont eu du mal à survivre. Un exemple bien connu est celui de Cisco, un fabricant d’équipements pour le déploiement et la connexion à l’internet, fortement favorisé — comme Nvidia — par d’importants investissements tiers. Les actions de Cisco sont passées de 5 dollars en 1997 à 77 dollars en 2000 pour retomber à seulement 13 dollars en 2002. Elles sont maintenant à 46 dollars.
L’analyste Pierre Ferragu de New Street Research a revu à la baisse les prévisions sur la valeur de Nvidia le vendredi 5 juillet, arguant que son cours a déjà atteint son pic. “Une nouvelle augmeentation ne se concrétisera que dans un scénario haussier, où les perspectives au-delà de 2025 augmentent de manière significative, et nous ne sommes pas encore convaincus qu’un tel scénario se réalisera”, explique-t-il à Bloomberg. Mais l’optimisme semble prévaloir. Près de 90% des analystes suivis par Bloomberg recommandent d’acheter des actions. “Les résultats prendront du temps, mais ils arriveront”, explique Flavio Muñoz, responsable des investissements technologiques chez Andromeda Capital. Il estime qu’il est peu probable que 2024 voie cette technologie atteindre son plein potentiel et offrir les rendements tant attendus.
Source : english.elpais.com